Les Jeunes et le monde du travail !

Table-ronde Gate.31

Ce 19 octobre, Gate.31 a rassemblé des jeunes âgés de 23 à 30 ans autour d’une table-ronde sur le thème « Les jeunes et le monde du travail ».

Cette initiative avait pour objectif de donner la parole à un groupe de jeunes diplômés et jeunes actifs (entre 0 et 10 ans d’expérience) issus de l’enseignement supérieur et universitaire, d’échanger sur une série d’idées « préconçues » et d’être à l’écoute de leurs motivations. 

Nous tenons à remercier les sponsors de cette table-ronde : NSI IT Software & Services et la FABI (Fédération Royale d’Associations Belges d’Ingénieurs Civils, d’Ingénieurs Agronomes et de Bioingénieurs) qui ont manifesté un réel intérêt pour l’initiative.

En guise d’introduction, nous soulignerons la réactivité des jeunes à participer à la table-ronde, leur envie de partager leurs expériences professionnelles et leurs motivations. Nous avons choisi de ne pas tirer de conclusion de cette table-ronde mais plutôt de nous imprégner de leurs témoignages. Merci à tous les participants pour leur enthousiasme !

Sans plus attendre, nous vous proposons de découvrir certains moments-clefs de la table-ronde. 

La parole aux jeunes !

[Gate.31] Lorsque vous avez terminé vos études, estimiez-vous que vous aviez l’embarras du choix en terme d’emplois ? 

Nicolas : Je viens de terminer mes études d’ingénieur civil et il faut reconnaître que je suis souvent approché par des recruteurs, de là à dire que nous avons tous l’embarras du choix, je ne le pense pas. Tous les diplômés ne sont pas sur le même pied, certaines formations ont plus de succès que d’autres. 

Esther : J’ai un profil de Bioingénieure et j’ai été amenée à rechercher un nouvel emploi après le covid. Malgré le fait que j’avais déjà une première expérience professionnelle, cela m’a pris plus de 6 mois pour retrouver un travail ! D’une part, parce que les entreprises ne répondaient pas et ensuite parce que je n’avais pas assez d’expérience à leurs yeux … jusqu’au jour où je suis tombée sur l’entreprise qui cherchait tout juste mon profil, j’ai directement signé. 

AlexandraEn ce qui me concerne, j’ai un profil juridique et je viens de France. Lorsque je suis arrivée en Belgique après mes études, je n’ai pas trouvé de travail, personne ne me répondait ! On m’a proposé un stage non rémunéré mais j’avais fait 7 ans d’étude… donc j’ai préféré démarrer avec des petits jobs, j’ai fait du porte à porte, …. Après 6 mois, j’ai trouvé un emploi qui m’a permis d’acquérir une première expérience, c’est ça qui m’a ouvert les portes sur le monde du travail. 

Kenneth : On voit sur le marché du travail qu’il y a une difficulté pour les profils juniors à trouver un emploi. Dans un contexte économique compliqué, les entreprises ont du mal à faire confiance à des profils qui n’ont rien « prouvé » et à libérer du budget pour ceux-ci quand maintenir des équipes en places est parfois déjà compliqué.

[Gate.31] On dit des jeunes qu’ils veulent donner du sens à leur vie et à leur travail. Qu’en pensez-vous ? 

Nicolas : Il y a un vrai débat éthique qui s’est amorcé chez les ingénieurs et qui porte sur les activités des entreprises, nous y sommes sensibilisés durant nos études. Une fois sur le marché du travail, on se trouve confronté à un dilemme : de grandes sociétés offrent des packages attrayants et de plus petits acteurs, dont l’activité est porteuse de sens ou respectueuse de l’environnement, n’ont pas forcément les moyens d’offrir de telles conditions de travail… Certains étudiants quittent l’université et vont directement chez les Big4 pour le salaire et les avantages, ça reste un élément déterminant dans le choix d’un emploi.

Esther : En tant que junior, nous serions intéressés de pouvoir contribuer à la transition de grands acteurs mais lorsqu’on est au bas de l’échelle, c’est-à-dire précisément juniors, cela ne semble pas possible. Dit autrement, je ne me sens pas capable de faire changer les choses de l’intérieur parce que je suis juniore. Or, je suis née lors des accords de Kyoto, je suis née dans un monde où on parlait déjà changement climatique, ça fait partie de ma vie et je ne peux pas y être insensible.  

Maëlys : Mes parents ont vu mes grands-parents vivre dans les conditions difficiles des années ’30, mes parents ont voulu un style de vie confortable. Pour nous, aujourd’hui, la situation est différente, nous ne sommes plus dans cette même recherche de confort que nos parents. Nos préoccupations sont ailleurs. 

[Gate.31] Une génération qui s‘implique moins que les parents, une génération moins corvéable. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Alexandra : Je ne dirais pas ça, tout dépend de l’attitude de l’employeur. Je travaille dans une société qui offre beaucoup de flexibilité au niveau de l’organisation du travail, du coup cela ne me dérange pas de travailler le week-end. Je n’appelle pas ça être corvéable car j’aime mon boulot et je sais que j’ai affaire à des managers flexibles.

Nicolas : Je n’ai pas l’impression que les gens travaillent moins, ils cherchent plus un équilibre vie privée-vie professionnelle et une relation donnant-donnant avec l’employeur. 

Kenneth : De mon point vue, il me semble qu’il y a une déconstruction de l’image carriériste. En ce qui concerne l’aspect « corvéable » et emploi du temps, je constate que notre génération a beaucoup plus d’occupations en dehors du travail que celle de nos parents. Si je fais la comparaison avec mon père, je dirais qu’il n’avait entre guillemets « que » son métier. Nous avons une vie à côté du travail, c’est fort différent. 

[Gate.31] Les jeunes sont plus autonomes et plus réticents à l’autorité. Ils apprécient cependant la vie sociale au travail. Est-ce que vous vous reconnaissez dans ces propos ? 

Alexandra : J’apprécie le fait d’être dans une grande entreprise car cela favorise les échanges entre collègues, les échanges d’idées et les contacts. Par ailleurs, l’entreprise n’hésite pas à organiser des événements, ce n’est pas pour me déplaire (sourire). Ces événements nous permettent de nous rassembler et de parler d’autre chose que du boulot. 

Par rapport à l’autorité, je trouve que notre génération a beaucoup moins de problème avec l’autorité et nous sommes souvent les premiers à reconnaître et à assumer nos erreurs, ça évite le conflit. Du respect et de la convivialité, c’est ce qui importe !

Kenneth : Je travaille dans une plus petite structure où nous sommes 25, la société organise aussi des événements qui nous permettent de sortir du cadre du travail et de nouer des relations d’amitié, c’est précieux. Ce qui me semble surtout très important, c’est l’ambiance au travail et la relation avec le manager. Par ailleurs, je ne pourrais pas travailler 100% en télétravail, j’ai clairement besoin de contacts. En ce qui concerne l’autorité, on n’a pas forcément plus de difficulté, on est juste plus informé, on est du coup plus facilement dans la confrontation, et c’est une bonne chose, cela permet de régler les problèmes. 

Esther : Je n’ai pas de souci avec l’autorité mais j’ai plus de mal avec le mensonge ou avec l’application de règlements « à la lettre ». J’apprécie que le management soit reconnaissant vis-à-vis du travail et des collaborateurs, c’est surtout ça qui m’importe. 

Maëlys : Moi j’ai la chance d’avoir une relation directe avec le management qui me laisse prendre des initiatives ! Je suis très « fan » de cette approche. La place que l’on prend le premier jour dans l’entreprise et l’attitude que l’on adopte me semblent décisives pour la suite. 

[Gate.31] Est-il vrai que les jeunes veulent tout, tout de suite et le changement à tout prix ? 

Esther : Lorsque l’on sort de l’école, on pense que l’on « sait » et puis on se rend rapidement compte que l’on a des connaissances bien sûr mais que l’apprentissage professionnel, lui, ne fait que commencer. Ce que j’ai appris en travaillant, c’est surtout l’humilité et le fait que j’avais beaucoup à apprendre de ceux qui m’entourent. 

Nicolas : Peut-être qu’en sortant des études, certains ont trop d’attentes immédiatement en termes de salaires, on est peut-être un peu prétentieux, non ? 

Ce dont je suis certain, par contre, c’est que je ne me vois pas rester 30 ans dans la même société, c’est peut-être pour cela que l’on souhaite évoluer rapidement, pour pouvoir progresser… Pour le reste, si on a la chance de travailler sur des projets intéressants, je ne vois pas pourquoi on changerait d’emploi !

Kenneth : Je n’ai pas l’impression que cela concerne uniquement les jeunes, c’est plus une question d’éducation, me semble-t-il. De manière générale, oui je pense que nous sommes moins patients que d’autres générations.

Alexandra En ce qui me concerne, je ne suis pas pressée de bouger car je suis dans une société où les possibilités d’évolution et de mouvement (en interne) sont possibles tant au niveau national qu’international donc je ne vois pas pourquoi je changerais à tout prix…

[Gate.31] Vis-à-vis du travail, qu’est-ce qui a changé avec la génération de vos parents ? 

Alexandra : Ma maman a travaillé toute sa vie dans un commerce et à 50 ans elle a voulu faire un travail qu’elle jugeait « utile », elle a démarré une activité d’aide-soignante  avec un salaire moindre.  

Esther : Ma maman aussi travaillait dans une banque jusqu’au jour où elle a trouvé que ça ne lui correspondait plus. Elle a quitté son emploi et est devenue prof. Je trouve que c’est très chouette ! 

Nicolas : Il me semble que nos parents se posent ce type de question très tard au cours de leur carrière tandis que nous aurions tendance à ne pas attendre l’âge de 50 ans, non ?

Kenneth : Pour ma part, je trouve que nous avons plus de liberté. A l’époque, si le père de famille était avocat, il était chaudement recommandé de devenir avocat (sourire)… Aujourd’hui, on a davantage de choix de carrières et discuter avec nos parents de ces choix de carrières n’est plus un problème.

[Gate.31Souhaitez-vous aborder le sujet du salaire des jeunes ? 

Esther : Oui et je trouve qu’on ne parle pas assez du salaire, on dit des jeunes qu’ils ont des exigences mais je pense aussi que les conditions de vie ont changé : lorsque l’on regarde l’évolution du coût de la vie, du prix de l’immobilier et que l’on regarde l’évolution des salaires, on se rend compte que les salaires ne suivent pas ! Le logement prend une grande partie de notre salaire et la vie coûte chère, c’est normal que l’on soit vigilent. Mes parents s’étonnent que les jeunes vivent en colocations, ils appellent ça une « mode » , mais ils ne réalisent pas que l’on ne peut pas forcément se permettre d’être locataire voire propriétaire. Ce n’est pas juste un style de vie ou une mode, c’est une réalité économique avant tout ! 

Kenneth : Il y a beaucoup de non dits sur les salaires, c’est quelque chose dont on ne parle pas volontiers ici en Belgique. Parallèlement à la vie qui est devenue très chère (la nourriture, le loyer, le chauffage,…), je pense que nous dépensons plus que nos parents : on s’achète un iPhone, on a des loisirs, ce n’est plus la même époque, plus la même vie. Il y a des gens qui s’offusquent de certains salaires proposés (aux jeunes notamment) et c’est vrai qu’il est dur de vivre avec ces salaires confortablement, mais comme expliqué précédemment, nous avons plus de dépenses « annexes » qu’auparavant. Je pense qu’en relativisant, nous sommes quand même plus confortables aujourd’hui de manière générale.

Maëlys : C’est important d’oser négocier son salaire quand on commence mais tout le monde n’ose pas surtout quand on démarre dans le vie professionnelle. 

Nicolas : Pour les métiers d’ingénieur, on peut se fier aux recommandations FABI, cela nous aide à évaluer une proposition financière surtout quand on démarre, c’est très utile de pouvoir se reposer sur une échelle barémique de ce genre. 

[Gate.31] En guise de conclusion, souhaitez-vous adresser un message au monde du travail ? 

Oui, nous avons toujours envie de travailler, bien entendu (sourires). Faites-nous confiance et restez ouverts d’esprit ! 

Nos sponsors


Nos plus vifs remerciements aux sponsors de la Table-Ronde « Les Jeunes et le monde du travail »