Recourir aux micro-organismes pour assainir les sites pollués

L’action se déroule à Liège sur trois sites de l’ancienne base militaire de l’OTAN à Bierset[1]. Des lieux chargés d’histoire et … de carburant.


Suite aux études d’orientation, de caractérisation et de risques imposées par le Décret Sols, des pollutions importantes ont été détectées sur trois parcelles. Il s’agit des lieux dits StaPOL VelrouxDépôt Moutons et Dépôt Côté pistes, des anciens sites de stockage et de ravitaillement de l’OTAN situés aux abords de l’aéroport de Liège.  

« L’ampleur de la pollution était telle que recourir aux méthodes classiques d’assainissement (excavation et déplacement de terre pour traitement) aurait été trop contraignant d’un point de vue économique et écologique. Une méthode plus innovante à été sélectionnée : la bio couche active » déclare Arnaud Callewaert, Chef de Projet à la SOWAER « Par le biais de cannes enfoncées dans le sol, nous injectons de l’air sous pression. Cet air modifie l’équilibre chimique du sol et va, en quelque sorte, emporter les polluants vers le haut. Sur le sol, nous disposons une couche de compost composée de micro-organismes. Lorsque les polluants traversent la couche, ils sont naturellement dégradés par cette communauté microbienne. L’air assaini s’échappe ensuite dans l’atmosphère. »

Cette méthode d’assainissement naturelle, n’utilisant pas de charbons actifs pour traiter l’air pollué, nécessite néanmoins une géologie adaptée qui permet à l’air injecté de remonter à la surface et de traverser la bio couche active. 

«  Pour vérifier l’efficacité de la méthode, nous vérifions que l’air qui s’échappe a bien été assaini. Des mesures sont effectuées sur le site mais pas que… nous réalisons des analyses de la qualité de l’air, de la terre et de l’eau souterraine. Nous nous rendons également chez les riverains situés à plusieurs centaines de mètres du site pour réaliser des analyses d’air et vérifier que l’air pollué ne s’est pas propagé. »

Un travail d’assainissement en mode « sustainable » 

Injecter de l’air dans le sol nécessite de le comprimer, de le mettre sous pression ; cette  opération s’avère énergivore. « Pour limiter au maximum la consommation d’énergie, l’entreprise en charge des travaux va placer des panneaux photovoltaïques qui permettront d’alimenter le chantier et de diminuer considérablement les besoins en électricité. Le recours à la bio couche active permet également de réduire le transport par camions de milliers de mètres cubes de terre, l’utilisation de matériel et son remplacement (filtres à charbon, …). »

Quelques chiffres …

Sites de StaPOL Velroux

Traitement de 80.000 m3 de terre et 1.800 m3 d’eau souterraine sur une profondeur de 30 mètres. Estimation de la durée de l’assainissement : 30 mois.

Méthode : Venting/sparging (injection de l’air dans le sol et dans la nappe aquifère et extraction de l’air qui s’est chargé des polluants via des cannes d’extraction). L’air extrait est traité par des filtres à charbons actifs, dans une station prévue à cet effet. 

Mise en place de 63 cannes d’injection et 210 cannes d’extraction.

Dépôt Moutons

Traitement de 80.000 m3 de sol pollué sur un profondeur de 22 mètres. Estimation de la durée de l’assainissement : 36 mois.

Méthode : Venting (injection d’air sous pression dans le sol via 36 cannes d’injection) et traitement via une couche biologique active en surface (mélange de compost et de micro-organismes).

Site du Dépôt Côté pistes 

Traitement de 60.000 m3 de terre et 7.700 m3 d’eau souterraine sur une profondeur de 20 à 30 mètres. Mise en place de 380 cannes d’extraction et de 90 cannes d’injection. Estimation de la durée de l’assainissement : 48 mois. 

Images © Liège Airport

#innovation #environnement

[1] Base aérienne de Bierset occupée par la force aérienne belge de 1914 à 2010 (environ).