En route vers une utilisation plus responsable du numérique ? 

A l’occasion de la rentrée de septembre, Gate.31 se penche sur l’utilisation responsable de l’informatique dans le cadre de nos activités professionnelles. 

Rencontre avec Olivier Vergeynst, Directeur de l’Institut Belge du Numérique Responsable.

Olivier Vergeynst, Directeur de l’Institut Belge du Numérique Responsable.

Quels sont les axes sur lesquels nous pouvons agir afin de réduire l’empreinte environnementale de nos usages numériques ?

On pense souvent que l’impact du numérique vient principalement des data centers. Mais pour l’utilisateur « lambda » à la maison comme au bureau, l’impact principal vient de ses équipements (smartphones, laptops, écrans, télévisions, …) ! Concernant ces équipements, c’est leur fabrication qui a le plus d’impact (environ 80%) alors que l’impact de leur utilisation est beaucoup plus limité[1]. Pour une entreprise, la priorité devrait être de limiter l’achat de matériel. Pratiquement, nous pouvons agir de différentes manières : étendre la durée de vie des équipements, acheter du matériel reconditionné (particulièrement intéressant pour les PME’s et les ASBL), revendre ou offrir le matériel informatique usagé à des associations afin de lui garantir une seconde vie, … En conclusion, je dirais que l’objectif est de réduire la quantité d’équipements neufs. 

Une autre piste serait de limiter le nombre d’écrans supplémentaires reliés aux laptops et d’éviter de placer des écrans sur les bureaux peu ou non occupés. Il en va de même pour les télévisions au sein des entreprises, faut-il vraiment disposer d’écrans dans les hall d’entrées, dans les ascenseurs, … ? L’idéal serait de s’en passer. 

Peut-on agir en tant que salarié.e ? 

Bien entendu ! 

Chaque salarié peut agir en prenant soin de son matériel. Si je prends l’exemple d’un iPhone, il est essentiel de préserver la batterie : ne pas descendre en-dessous de 20% de charge et ne pas monter au-dessus de 80%. Si la batterie est hors d’usage, il est préférable de la remplacer plutôt que d’acheter un nouvel iPhone…  Et évidemment le protéger à l’aide d’une coque, pour éviter que l’écran se brise à la première chute. Prendre soin de son laptop, c’est par exemple éviter de placer des feuilles sur le clavier car cela impacte la ventilation et donc le refroidissement, c’est penser à le dépoussiérer régulièrement, … Ces petits gestes du quotidien permettent de jouer sur la longévité des équipements. 

Image ©️Adobe

Parallèlement, nous pouvons aussi agir sur les usages. Aujourd’hui, l’une des applications les plus énergivores est l’IA[1] (produits d’IA générative). Générer des images, des vidéos, demander le support de l’lA pour effectuer une recherche, rédiger du texte ou des post LinkedIn … a un impact significatif car ces initiatives mobilisent fortement les data centers. A cet égard, nous devons tous nous interroger : Est-il indispensable de recourir à l’IA pour ce type d’usage ou ne serait-il pas préférable de limiter l’usage de l’IA lorsque celui-ci a une réelle valeur ajoutée ? 

Image ©️Adobe

Au sein de notre environnement de travail, d’autres petits gestes pourraient faire l’objet de notre attention : 

  • Les vidéos : le recours à l’image est-il indispensable en continu et pour tous les participants lors de vidéoconférences ?
  • Les e-mails : penser à alléger les e-mails (logos dans les signatures, pièces jointes, …) et à nettoyer nos boîtes mails en supprimant les mails trop anciens dans le cadre d’une démarche d’archivage et de back-up
Image ©️Adobe

Une autre piste à ne pas négliger est le site web et les applications transactionnelles développées par la société à l’attention des clients. A ce niveau, l’entreprise a aussi la capacité d’agir, c’est ce qu’on appelle la démarche d’écoconception des services numériques. En questionnant les besoins métier et en développant ses services différemment, l’entreprise va diminuer ses besoins en nombre de serveurs ou de capacité cloud ; elle va réduire son empreinte environnementale, faciliter la maintenance de ses applications et réduire ses coûts à moyen et long termes. Et elle va souvent gagner en taux de conversion et en satisfaction des utilisateurs !

De manière générale, je dirais que le rôle de l’employé reste crucial car c’est de l’intérieur de l’entreprise que doit venir l’impulsion de changement même si les actions doivent être planifiées et synchronisées par l’entreprise afin d’éviter les initiatives isolées et non coordonnées. 

Comment évaluer l’impact de l’utilisation des réseaux sociaux ?

C’est certainement un autre axe sur lequel nous pouvons tous agir !  Car certaines plateformes telles que TikTok, Facebook et Instagram utilisent de grandes quantités de données et sont donc très énergivores. Mais selon moi, le volet « addiction » est encore plus problématique, c’est un vrai problème de société ! A cela viennent s’ajouter les réactions qui se développent sur ces plateformes : le rejet de l’autres, l’agressivité, … Pour l’heure, ces facteurs me semblent plus préoccupants encore que la consommation énergétique.

Pour en savoir plus sur les enjeux environnementaux du numérique, la manière de minimiser les impacts des équipements, usages & services numériques, nous vous proposons de vous rendre sur le site de l’Institut Belge du Numérique Responsable → https://isit-be.org/fr/

                                              


[1] Contrairement aux data centers dont 80% de l’impact vient de la consommation d’énergie et non pas de la fabrication. Dans ce cas, le renouvellement et la modernisation des serveurs peut avoir un impact non négligeable sur la consommation.

[2] Chaque requête consomme 10 fois plus d’électricité qu’une requête Google. Source : https://iea.blob.core.windows.net/assets/18f3ed24-4b26-4c83-a3d2-8a1be51c8cc8/Electricity2024-Analysisandforecastto2026.pdf          

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