Dans sa dernière carte blanche*, ID2Move by CAP Innove se penche sur l’influence des drones sur la sécurité globale. Rencontre avec Emilien Watelet, Directeur ID2Move.
Devenus populaires et accessibles dans les années 2010, les drones couvrent, aujourd’hui, différentes missions. Parmi celles-ci figure la sécurité.
Comment les drones influencent-ils la sécurité en Belgique ?
Le sujet est vaste (sourire) ! Les applications sécuritaires ont été parmi les premières « missions » des drones parce que cela permettait de surveiller des zones plus vastes en limitant l’intervention humaine.
En Belgique, ce sont surtout les forces de l’ordre qui ont recours aux drones comme moyen de surveillance lors de grands rassemblements (manifestations, événements sportifs, …) pour la gestion des foules. Bon nombre de zones de police ont leurs propres drones qu’ils utilisent pour sécuriser les événements en support des équipes d’interventions (ex : prise d’otage, Fort Chabrol, …).
Les pompiers utilisent aussi les drones en cas d’incendie pour détecter la présence de bombonnes de gaz, le niveau de température, d’éventuelles émissions de gaz, … Là aussi nous offrons une couche de sécurité supplémentaire à l’être humain pour qu’il dispose d’un maximum de paramètres afin de pouvoir prendre les décisions les plus pertinentes.
Parallèlement, les drones servent également à la sécurisation de zones privées comme les sites industriels par exemple où ils viennent remplacer les caméras fixes et/ou les rondes d’agents de gardiennage à qui l’on confie la télésurveillance du site. Dans ce cas précis, on utilise principalement des drones « câblés » càd alimentés en électricité par un câble, ce qui permet aux drones d’être opérationnels 24 h/24, 7 j/7 et de balayer des zones beaucoup plus vastes (comme les terminaux portuaires).
Peut-on dire un mot des nouvelles applications qui se développent en lien avec la sécurité ?
Je pense qu’il est important de parler des solutions anti-drones qui visent à prévenir voire combattre les intrusions de drones par exemple dans l’espace aérien d’une centrale nucléaire, d’un aéroport, d’un stade, …
Pour citer un exemple qui fait la une de l’actualité, je mentionnerais la livraison, par drones, d’armes, d’argent, de drogue, … dans les prisons. Il est important de se protéger contre ce type d’intrusion !
Aujourd’hui, différentes technologies anti-drones se développent qui permettent la détection, le suivi, l’identification et la destruction des drones (bazooka anti-drones avec ou sans filets, …). Certaines technologies sont utilisées avec parcimonie en Belgique, c’est par exemple le cas du brouillage de fréquence car cette technique a pour effet de brouiller toutes les fréquences d’une zone géographique ce qui est perturbant pour la population.
Des drones équipés d’IA ?
Oui bien entendu, la plupart des drones commerciaux sont équipés de ce que l’on pourrait appeler une « intelligence » artificielle. Un drone est, aujourd’hui, capable de détecter un mouvement ou un métal dans la foule mais je ne suis pas certain que le degré de précision permettrait d’identifier une arme, un vélo ou tout autre objet métallique.
Les applications d’IA embarquées portent davantage sur l’utilisation de caméras thermiques, l’analyse de mouvements, le comptage, la détection d’obstacles, …
Pour l’heure, un drone est loin de prendre une décision de manière autonome comme par exemple décider de bombarder un site qu’il aura défini comme lieu de largage selon des paramètres déterminés. On va y arriver mais remplacer la prise de décision de l’humain par le drone, n’est pas (encore) à l’ordre du jour. Y compris pour les drones de défense.
En agriculture par exemple, on utilise les drones pour la détection de déchets avant le moissonnage, c’est un cas concret d’utilisation d’IA mais cela nous écarte du sujet …
Et demain ?
Une fois que la législation sera plus permissive, il y a de fortes chances que l’utilisation des drones va s’intensifier et se diversifier. Sur le plan de la sécurité, je suis convaincu, qu’à terme, les différents secteurs que nous avons mentionnés seront équipés ; que ce soient les prisons, les bâtiments publics, les sites industriels, les sites sensibles (ex : centrales nucléaires), … Quant aux applications, ce sera toujours aux utilisateurs de les définir !
Le frein principal à l’utilisation de drones reste la méconnaissance des futurs utilisateurs. Une analyse coût/bénéfice reste essentielle et se tourner vers des spécialistes permet de définir la meilleure réponse au besoin.
* https://www.id2move.eu/how-can-drones-influence-global-security/